Romantisme Noir
Voici quelques titres marquants du romantisme noir, ces livres où les héros sont nobles de naissance et de coeur, jeunes, vierges et beaux, mais promis à de tragiques destins. L'amour y est toujours impossible, les sentiments sont tourmentés, vifs, le Tentateur agit constamment pour détourner ces jeunes gens de leur foi, le danger est omniprésent, les catastrophes naturelles imminentes, les donjons toujours poussiéreux et obscurs, les souterrains perdus sont retrouvés. Le Petit Pierre de Christian Heinrich Spiess, 1793, fut traduit en français en 1795. A cette époque, il connut un grand succès, mais tomba très vite dans l'oubli (il vient d'être réédité par les éditions Cartouche). Le Petit Pierre est caractéristique du romantisme noir: le jeune héros perd son premier amour, donne un enfant à une femme mariée qui finit au couvent et tombe amoureux d'une troisième. Et ce ne sont là que les quarantes premières pages... Je retrouve toujours cette exitation juvénile à lire de tels ouvrages : j'y retrouve le Moyen-Age des romantiques, celui de Michelet, avec ses diables, ses sorcières et ses preux chevaliers, qui m'a fait rêver enfant. Ce Moyen-Age imaginaire, les historiens l'ont en horreur. Pour en avoir une vision plus réaliste, il nous suffit de lire Georges Duby, Robert Muchembled, ou l'excellent Jacques Le Goff. Mais diable, il n'est sage qui jamais ne folie, c'est pourquoi je vous propose :- Le Moine, Lewis, 1793
- Le Petit Pierre, Christian Heinrich Spiess, 1793
- Melmoth, Charles Robert Mathurin, 1820
- Fatale Vengeance, Charles Robert Mathurin, 1807
- Manuscrit Trouvé à Saragosse, Jean Potocki, 1847
- Au-Delà du Crépuscule, Bram Stoker (chez José Corti, illustrations de
Cockburn et Fitzgerald), 1881
Pour faire vos choix, trois sites : celui de la collection Imaginaire, chez Gallimard, et celui de la collection Merveilleux, chez José Corti, ainsi que celui des éditions Cartouche.
"RODOLPHE- Maintenant que le meurtre est consommé, que le sang de l'innocent crie vengeance... Va te laver... Je ne puis voir ce sang!
Lorsque Pierre fut éloigné, la conscience de Rodolphe se fit entendre: elle l'accabla de cruels reproches; mais la voix de sa passion parla plus fortement encore et celle de la conscience fut étouffée.
RODOLPHE, à Pierre qui revient- Tu as tardé bien longtemps.
PIERRE- C'est que le sang humain ne s'efface pas vite."
Le Petit Pierre, Christian Heinrich Spiess, 1793.